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Philippe RAYMOND INFECTIONS CHRONIQUES A CHLAMYDIAE PNEUMONIAE, TRACHOMATIS ET MYCOPLASMA PNEUMONIAE


Philippe RAYMOND
           
 
Le Docteur Philippe Raymond travaille en collaboration avec Philippe Bottero. Le texte et l’intervention qu’il présente permettra à tous d’organiser leur travail en la matière. Nous le remercions ici pour sa disponibilité et sa volonté de transmettre ses connaissances.
INFECTIONS CHRONIQUES A
 CHLAMYDIAE PNEUMONIAE, TRACHOMATIS
ET MYCOPLASMA PNEUMONIAE
ANALYSE SÉMIOLOGIQUE  SUR  137 CAS
 ET  PROPOSITION DE TRAITEMENT
 
 I   INTRODUCTION
Comme le  Dr Philippe Bottero l’a décrit dans son exposé, certaines  formes  microbiennes, notamment les bactéries intracellulaires, ont la capacité de  persister de nombreuses années dans l’organisme, et de déclencher, si le système immunitaire devient moins performant, des  pathologies avec atteinte générale, qui deviennent chroniques car la cause infectieuse passe souvent inaperçue.
La persistance bactérienne à bas  bruit  est déjà bien connue dans certains cas : maladie de Lyme par Borrelia Burgdorferi, fièvre Q par Coxiella Burnetii , infection génitale chronique par Chlamydia Trachomatis.
Mais  il s’avère  que  d’autres  pathogènes  possèdent les mêmes propriétés : Chlamydophila Pneumoniae (appelée communément Chlamydia  Pneumoniae), le genre  Mycoplasma (Pneumoniae, Hominis, Ureaplasma, Génitalum, Penetrans, Fermentans...), le genre Rickettsia (Typhi, Conorii, Prowasecki…), Bartonella, Babesia, Ehrlichia, et  aussi d’autres  espèces de Borreliae.
Plusieurs auteurs ont  montré qu’il existait  des formes  dormantes de ces  bactéries, un peu comme les formes sporulées  des levures, expliquant  non seulement la  chronicité de l’infection, mais aussi la  moindre  virulence, la résistance  aux  traitements  antibiotiques courts, et  les  rechutes tardives:
 
- Les formes kystiques  des  Borreliae sont  bien connues.
- Le Pr Giroud dénommait les formes dormantes des Rickettsies : « les  corps homogènes »
- Publication de Moulder sur  les  « formes cryptiques » de Chlamydia  Psittaci
- Le Pr Charles Stratton  et ses associés de Vanderbilt University, USA ont décrit les  « cryptic body » des Chlamydophila  Pneumoniae
- Le Pr Luc Montagnier vous  a  exposé la capacité des  Mycoplasmes  à  engendrer une  infection chronique par le biais des nanoparticules
- Kim Lewis (USA), Anju Usman  (USA)  et d’autres ont étudié les  « biofilms » dont certaines  bactéries s’enveloppent pour se protéger du système immunitaire.
Personnellement, j’avais  déjà remarqué depuis 15 ans, que certains tableaux sub-aigus d’asthénie intense guérissaient spectaculairement après 1 semaine de traitement par macrolides. J’avais appelé cela le « syndrome de fatigue vasculaire », car co-existaient d’autres symptômes généraux notamment vasculaires.
Mais le sujet  est bien plus  vaste  puisque de nombreux patients  « passent  à la  chronicité », et ces pathologies évoluent sournoisement  pendant  de  nombreuses années 
Dans notre pratique quotidienne, quels sont les patients concernés ?
Quels symptômes présentent ces patients ?
Comment faire le diagnostic ?
Quelle est la  réversibilité de ces symptômes ?
Et avec quel traitement ?
C’est  le sujet de cet exposé et  de l’étude présentée ci-après. 
II   INFECTIONS CHRONIQUES ET STRESS OXYDANT
Tout d’abord, il est  bon de bien comprendre l’origine multifactorielle de ces pathologies, et   notamment que ces  infections  se développent plus facilement si  l’organisme est  affaibli par  un stress oxydatif.
   SYNDROME DE  FATIGUE CHRONIQUE
Noter les  deux « cercles vicieux » d’auto-alimentation  du stress oxydant que sont les flèches rouges :
 
-       Les infections  froides, qui l’aggravent  en retour, et  de façon très importante  d’après le Pr Montagnier (cf Livre : « Les  combats de la vie » , février  2008)
 
-       Les symptômes psychiatriques (irritabilité, hyper-anxiété, dépression) qui entraînent une moins bonne  « gestion » du  stress psychique quotidien, d’où là aussi une augmentation du stress oxydant.
 
-  On peut aussi noter sur ce schéma  l’aggravation directe des symptômes par  la  voie  Psychosomatique directe (en fonction du  vécu psychique douloureux). 
III  ANALYSE SÉMIOLOGIQUE
        A     RECUEIL DES DONNÉES 
Il s’agit d’une analyse tirée d’une étude sur 137  patients adultes présentant :
 
-       Une  pathologie chronique non stabilisée sous traitement médical (dépression chronique, syndrome douloureux chronique, fatigue chronique, colopathie…).
-       Des symptômes multiples, touchant plusieurs sphères (ex : crampes, gastralgies, sueurs nocturnes, lipothymies…) appartenant  à une liste de  symptômes déjà répertoriés dans les études des Dr Philippe Bottero (France), Dr Cécile Jadin (Afrique du sud) ou Pr Garth Nicolson (USA).
-       d’autre part une sérologie positive à Chlamydiae  Pneumoniae, Trachomatis, ou Mycoplasma Pneumoniae;
 Buts  de l’étude :
-  Confirmer la responsabilité d’une infection chronique à germes intracellulaires dans ces pathologies.
- Répertorier  les symptômes significatifs de ces infections, afin d’établir  une « aide diagnostique ». 
En :
-  Contrôlant la disparition de la symptomatologie sous traitement antibiotique ciblé.
-  Vérifiant la négativation des sérologies après  guérison clinique.
Certains  patients  présentaient  des  sérologies  positives à Rickettsia, Coxiella  ou Borrelia (sérologies  à rechercher en pratique). Leur prise  en charge a été  quasiment identique  mais ils  n’ont  pas été inclus  dans  cette étude en raison de leur nombre  insuffisant.
Dans chaque cas, la pathologie chronique  était installée  depuis  plus d’un an : de 1 à 35 années d’évolution  avec une moyenne de 9,4 années.
Chaque patient était interrogé suivant une liste de 80 symptômes.
Puis classement par groupes selon les résultats sérologiques :
- 78 cas avec IgA positives à CP
- 24 cas avec seules les IgG positives  à CP
- 17 cas avec IgG (et/ou IgM)  positives  à MP
- 8 cas avec IgA positives à CT
- 10 cas avec IgG seules positives  à CT
(dont 29 cas de double positivité sérologique)
Chaque mois, un suivi scrupuleux de chaque symptôme était réalisé pour constater objectivement l’évolution  sous traitement.
Mais sur ces 80 symptômes, tous ne sont pas spécifiques. Certains sont rares, d’autres sont mal quantifiables pour le diagnostic et pour le suivi; enfin quelques-uns sont irréversibles.
Après analyse statistique, n’ont été retenus comme critères sémiologiques fiables que les symptômes exploitables, c’est à dire:
-  Suffisamment fréquents ou/et suffisamment spécifiques :
(Symptôme présent régulièrement, plus de 1 fois par semaine depuis au moins 6 mois. Evidemment certains symptômes sont quotidiens, voire pluri quotidiens et depuis de nombreuses années…)
-  Quantifiables par le patient (fréquence  d’apparition par  semaine/jour).
-  Réversibles sous traitement antibiotique.
On en retient une trentaine, que l’on a choisi de regrouper en 19 «critères diagnostiques»
Ces symptômes reflètent l’atteinte vasculaire, musculaire, et l’irritation à distance  provoquée par  ces toxines  d’origine bactérienne.
Dans cette étude,  tous les cas  présentaient au moins 5 de ces « critères », en plus du symptôme « fatigue » (8,9 en moyenne, et très souvent plus de 10  critères par patient…).
De façon surprenante, la clinique était indépendante du type de germe retrouvé: Il n’existe que peu de différences sémiologiques significatives que la sérologie soit positive à Chlamydiae Pneumoniae, Mycoplasma Pneumoniae ou Chlamydiae Trachomatis. 
B     SYMPTOMATOLOGIE
                    I   LA   FATIGUE
Pour  être  retenue, elle doit être présente depuis plus de 6 mois, et  quotidienne.
Il s’agit d’un symptôme indispensable au diagnostic.
Son origine est expliquée par  la production de neurotoxines d’origine bactérienne.
 Elle peut être soit :
                             
                              - Physique: continue ou « coups de fatigue » soudains  (notamment post prandiaux), besoin de  sieste, fatigabilité sportive…
                               - Psychique : Irritabilité, anxiété exagérée, démotivation ou syndromes dépressifs vrais, impulsivité mal contrôlée, insatisfaction chronique… 
                              - Intellectuelle : difficulté de concentration ("brain fog"), lenteur intellectuelle, troubles de  mémoire…
                               - Troubles du sommeil : Réveils de  milieu de  nuit (même  par périodes), sommeil non réparateur, somnolence diurne…
Ces 4 types de fatigue sont souvent associés… mais pas nécessairement (la présence d’un seul suffit)
-    Il ne faut pas retenir les asthénies d’origine dépressive pure: réactionnelles à un vécu psychique  douloureux, avec culpabilité, dévalorisation,  et sans vision de l’avenir … 
                   II    CRITÈRES NEURO-VASCULAIRES (9)
Expliqués physio-pathologiquement  par la localisation  des bactéries dans l’endothélium vasculaire et la production de toxines vaso-constrictives.
Les 5 premiers critères sont très spécifiques (soulignés 
1-         Sueurs excessives (notamment nocturnes) ou Flushes ou Rashes
- Sueurs nocturnes : quelquefois seulement localisées au niveau de la nuque, mais souvent intenses  et diffuses: les patients changent de T-shirt au cours de la nuit, trempent leur oreiller…
-  Bouffées de chaleur : Il ne faut évidemment pas en tenir compte en cas de pré-ménopause. Mais elles sont significatives en cas de  ménopause  confirmée !...
- Rashes (« placards érythémateux ») localisés sur visage ou le torse,  déclenchés généralement après la douche, ou à l’effort. Ils ne sont pas prurigineux.
Dans cette étude, sur  les 110 cas ayant  répondu favorablement au traitement, ce critère était  présent  dans 53% des cas; sa sensibilité au traitement après 2 mois était de 85% (cf tableau  paragraphe IV B 4)
2-            Lipothymies positionnelles
- Sensations vertigineuses passagères, souvent lors du passage en position debout,  quelquefois lors d’autres mouvements (ex : en se baissant ou en regardant en l’air)
- Les patients décrivent des  « chutes de tension ».
- Fréquence : 44 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 100%
3         Sensations de « palpitations »
Cela peut être une tachycardie passagère, des extrasystoles…
Même si  ce symptôme dépend de l’état émotionnel (co-facteur  psychique), il est significatif et donc à retenir.
La plupart du temps,  l’ECG est  normal.
- Fréquence : 41 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 93%
4-         Troubles visuels atypiques (flou visuel intermittent, ombres visuelles latérales        
             fugaces,  phosphènes, traits, photophobie excessive …)
- De façon intermittente mais pouvant durer plusieurs minutes : sensations bizarres comme un flou visuel, ou  des descriptions de « vagues », de traits, d’éclairs, de kaléidoscope, et aussi de pseudo hallucinations (« chat qui passe », souris , araignée, ombre humaine…).
Ce dernier symptôme est, à mon avis, pathognomonique (pseudo hallucinations).
Mais si vous ne les interrogez pas, les patients ne vous le déclareront jamais spontanément !
- Soit ils considèrent cela comme normal (pour se rassurer), soit ils ont peur qu’on les « traite de fous » !
A cause de cette crainte, ce symptôme est souvent minimisé lors de la première consultation et c’est le mois suivant, quand il a disparu (ou quasiment), que les patients nous avouent que ces phénomènes visuels apparaissaient en fait de façon plus fréquente que ce qu’ils avaient décrit initialement…
Après 2 mois de traitement, ces « pseudo hallucinations » ont disparu dans  100% des cas. 
-  Photophobie: gène par le soleil, mais aussi les phares de voitures, les néons.  Ces personnes  portent constamment des lunettes de soleil, ne conduisent plus la nuit…
On constate l’amélioration de la photophobie (à partir du 3ème mois de traitement en moyenne), quand les patients ne portent plus systématiquement leur lunettes de soleil.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce symptôme, souvent ancien, disparaît  dans 80% des cas sous traitement anti-chlamydia.Photophobie :
- Fréquence : 37 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 69%, et 90% à 5 mois
 
Pseudo-hallucinations :
- Fréquence : 13 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 100%
 
Flou visuel :
- Fréquence : 29 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 90%
 
Phosphènes
- Fréquence : 35 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 92%
 
 
 
5-            Ecchymoses spontanées ou au moindre choc
 
Ces patients ont constamment des ecchymoses sur les membres inférieurs, et aussi sur les membres supérieurs. Ils  décrivent bien cet état de fragilité veineuse qui est  souvent très ancien.
Ce symptôme aussi s’améliore vite (dès le premier mois).
Mais il est difficile au patient d’admettre que cela a vraiment disparu ! Généralement, à la consultation de fin de première cure, ils regardent  leurs jambes, remarquent qu’il y a moins, ou pas du tout, d’ecchymose, et disent «  je n’ai pas dû me cogner  ces temps-ci » … c’est à la consultation suivante, quand on constate qu’il n’y a  toujours pas d’ecchymose, qu’il admettent (avec réticence !) que cela est durable et probablement dû au traitement anti-
infectieux.
 
- Fréquence : 34 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 92%
 
 
6-            Extrémités froides ou frilosité générale
 
- Mains ou pieds ou  même oreilles froides; quelquefois de façon unilatérale (plus spécifique)
Ce symptôme étant souvent très ancien, les patients n’imaginent pas que cela puisse changer … et pourtant…
- Frilosité : encore un symptôme subjectif, mais que les patients connaissent bien. La frilosité est indépendante du climat ; elle est présente même en été (besoin de mettre un lainage le soir). Objectivement, il s’agit de patients trop chaudement habillés, et on peut remarquer le changement vestimentaire quand la frilosité disparaît.
 
Extrémités froides :
- Fréquence : 56 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 79%,  et 97 % à 4 mois
 
Frilosité :
- Fréquence : 40 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 78% et  96%  à 4 mois
 
 
7-            Dysesthésies des extrémités
 
- Elles sont moins spécifiques  et  il faut  bien les différencier  d’un syndrome  de compression nerveuse  (canal carpien, compression cubitale, sciatique, névralgie cervico-brachiale…).
 Les patients décrivent  des sensations de  « fourmillements » ou quelquefois d’hypoesthésies.
- Cela concerne les mains, les pieds ou les jambes, mais aussi d’autres parties du corps, sans correspondance métamérique.
- Elles se déclenchent spontanément ou après une position prolongée qui limite la vascularisation : Position assise basse (aux WC par exemple) ou bras levés (coiffage, bricolage) ou positions nocturnes.
 
- Fréquence : 48 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 89%
 
8-       Acouphènes intermittents
 
On retrouve le plus souvent  des acouphènes unilatéraux, pluri-hebdomadaires, peu invalidants.
Malheureusement, les acouphènes très anciens, bilatéraux et  permanents sont moins sensibles au traitement (autres facteurs, irréversibilité ?).
S’il s’agit d’acouphènes permanents, bien vérifier  que  le bilan ORL a  déjà été  pratiqué et que  toute  cause somatique  est  éliminée.
 
- Fréquence : 41 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 80%, et 95 %  à 5 mois
 
 
9-        Jambes lourdes vespérales
 
Ce symptôme, lui aussi, est très bien décrit par les patients, car plus invalidant qu’on ne  l’imagine: Jambes lourdes ou douloureuses, ou  sensation de « gonflement »,  plutôt vespéral mais  peut être présent dès le matin.
Symptôme pourtant  bien  commun, non spécifique mais réagissant très bien au traitement...
 
- Fréquence : 31 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 80%,   et  85%  à 6 mois
 
 
                   III   CRITÈRES  MUSCULAIRES (5) :
 
 
Ils  sont  très évocateurs, et  très sensibles au traitement (améliorés  à 90% en moyenne dès le premier mois).
 
1-            Crampes nocturnes ou de repos
 
Elles concernent les mollets, mais aussi les pieds, les cuisses ou même les mains.
Si elles sont unilatérales, il s’agit souvent du même côté.
Elles peuvent aussi être positionnelles (mais ne pas retenir les crampes après l’effort).
Il s’agit d’un symptôme fréquent en médecine  générale, dont les patients se plaignent volontiers… et traité classiquement par des cures de magnésium ou de  quinine.
 
- Fréquence : 42 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 87%, 97 %  à 3 mois
 
2-            Myoclonies ou sursauts d’endormissement
 
Il s’agit de  sursauts pendant la phase d’endormissement, vécus comme  « l’impression de  tomber »
Seul l’interrogatoire systématique permet de repérer ce symptôme, car les patients n’en parlent jamais spontanément.
Ces myoclonies sont constatées encore plus objectivement par le conjoint. 
 
 - Fréquence : 33 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 78%,  et 100%  à 5 mois
 
 
3-            « Impatience » des jambes, diurne
 
- Attention, il ne s’agit  pas du  SJSR (syndrome des jambes sans repos) qui  est vespéral ou nocturne, incontrôlable, associé à sensations neurologiques anormales, obligeant à se lever … 
 
Cette « impatience » est diurne ; elle survient en position assise ; Elle est très  fréquente et connue de tous.
C’est une trémulation de la jambe (et du talon), de haut en bas. Ce mouvement est automatique, mais  peut être contrôlé (stoppé).
C’est  un symptôme souvent très ancien, que le patient associe (à juste titre) aux périodes de  stress psychique (co-facteur psychique), mais qui progressivement devient pluri-quotidien et  indépendant des périodes de stress.
A la longue, même l’entourage est agacé !
Les patients sont très surpris de voir ce symptôme disparaître ou même s’améliorer simplement …
 
- Fréquence : 23 %
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 92%
 
 
4-            Fasciculation  d’une paupière
 
La  paupière « frétille » de façon passagère.
Généralement considéré comme un signe  de fatigue psychique ou physique, ou carence magnésique. 
Mais devient  très significatif s’il est pluri-hebdomadaire depuis plusieurs  trimestres …
Plus rarement, ces fasciculations peuvent toucher  d’autres  muscles : membre supérieur, thorax ou abdomen, donnant des impressions  bizarres et inquiétantes au  patient.
 
- Fréquence : 36%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 97%
 
 
5          Besoin d’inspirer profondément (sensation de  « manque d’air »)
 
Il s’agit d’une  oppression thoracique,  soulagée par une  grande inspiration ou bien une expiration profonde (plus rarement). Cela ressemble  à un « gros  soupir ».
Les patients reconnaissent ce symptôme  immédiatement quand  vous le  mimer !
 
Il est souvent  pluri quotidien.
Il est toujours vécu comme la conséquence d’un état de stress psychique.
 
Il a été  classé dans les critères musculaires car il semble en rapport avec une contracture des muscles intercostaux, et un besoin d’étirement de ces muscles
 
- Fréquence :   47%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 89%
 
 
                   IV   CRITÈRES « IRRITATIFS » (5)
 
 
Ce sont des symptômes présents quotidiennement
 
Ils ont été regroupés en 5 critères. Les trois premiers sont très spécifiques (soulignés).
 
 
1-            Prurit cutané
 
Prurit sine materia … sans éruption ni érythème…
 
On peut voir tous les stades:
- Soit diffus et  intense avec lésions de grattage, très invalidant.
- Soit de simples démangeaisons localisées : elles sont aussi significatives, s’il s’agit toujours de la même zone et si elles sont quotidiennes (souvent vespérales).
Zones concernées: cuir chevelu, avant-bras, crête tibiale, lobe oreille, nuque …
                       
- Fréquence :   41%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 89%
 
 
2-            Arthralgies ou myalgies migratrices, ou tendinites multiples
 
- Il s’agit là aussi d’un symptôme très évocateur : les patients  décrivent un  point douloureux, localisé  à  une articulation, qui dure quelques secondes, minutes, ou heures sans  raison,  quelquefois intense mais cédant spontanément. Quelques dizaines de minutes plus tard, un nouveau point douloureux apparaît dans une autre articulation.
Cela se répète plusieurs fois par jour.
Le patient décrit ainsi des douleurs articulaires mobiles, fugaces,  génantes mais sans substratum anatomique ni biologique pour le médecin qui considère ces douleurs comme fonctionnelles; d’autant plus qu’elles sont souvent associées  aux autres symptômes qui sont eux aussi d’allure fonctionnelle.
 
Ce sont ces fameux patients qui ont toujours « mal partout » !
 
Moins fréquemment, il peut aussi s’agir de zone douloureuse  musculaire, ou tendineuse.
(Patients avec tendinites multiples, syndromes douloureux chroniques…)
A l’extrème, ces points douloureux sont permanents et donnent  un syndrome fibromyalgique.
 
- Fréquence :   41%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 80%, 96% à 5 mois
 
 
3-            Irritations oculaires
 
Les patients se frottent régulièrement les yeux,  décrivent des « yeux qui piquent », du « sable dans les yeux ». Ils  responsabilisent le  travail sur  écran  …
A l’examen : pas de conjonctivite vraie  mais souvent une paupière inférieure  irritée.
Quelquefois, ces patients  sont déjà traités par des larmes artificielles pour syndrome des yeux secs…
 
- Fréquence :   40%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 84%, et 96 % à 5 mois
 
4-            Irritations pharyngées ou rhinite chronique
 
- Pharyngite chronique ou simple gène pharyngée  permanente obligeant le patient à « se racler  la gorge » régulièrement.
- Rhinite obstructive ou rhinorrhée  per-annuelle, souvent matinale
 
Les autres diagnostics ayant, comme toujours, déjà été éliminés (sinusite, RGO, allergies…)
 
Irritations pharyngées :
- Fréquence :   29%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 91%
 
Rhinite chronique :
- Fréquence :   35%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 67%, et  97 %  à 5 mois
 
 
5-         Gastralgies ou dyspepsie ou Troubles du transit ou Troubles Fonctionnels Intestinaux
 
 
Ces  symptômes gastro-intestinaux sont  regroupés  dans  un même critère diagnostique. Ils sont  très  fréquents, invalidants, variables selon les patients, mais là aussi, s’améliorent  sous  traitement  antibiotique de façon surprenante pour le patient comme pour le médecin !
 Et l’on peut ensuite constater la diminution ou la suppression des traitements symptomatiques antérieurement pris.
 
 
Sont  à  retenir :
- Les gastralgies/dyspepsies chroniques, sans signe endoscopique, nécessitant souvent des IPP/prokinétiques au long cours (après avoir éliminé un ulcère GD, la présence  d’Helicobacter pylori ou une  oesophagite)
- La diarrhée chronique,  la constipation chronique, la colopathie,  les TFI.
 
 
Gastralgies :
- Fréquence :   43%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 94%
 
Dyspepsie / nausées :
- Fréquence :   16%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 94%
 
Diarrhée chronique :
- Fréquence :   15%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 94%
 
Constipation chronique :
- Fréquence :   18%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 70%, et  95  %  à 5 mois
 
Colopathie / TFI :
- Fréquence :   24%
- Sensibilité au traitement à 2 mois: 78% et  96 %  à 4 mois
 
 
Donc en résumé, si votre patient chronique, fatigué (ou dépressif) présente 5 de ces 19 « critères diagnostiques » , plus d’une fois par semaine, (avec au moins 1 critère vasculaire, 1 musculaire et 1 irritatif) depuis plusieurs trimestres, vous pouvez évoquer une origine infectieuse, demander  un bilan sérologique du type :
Chlamydia Pneumoniae, Chlamydia Trachomatis, Mycoplasma Pneumoniae, Borreliose, Rickettsioses, Coxiella Burnetii, et selon le contexte Mycoplasmes urogénitaux (M. Hominis et Uréaplasma Urealyticum), Chlamydia Psittaci, Helicobacter Pylori, Anticorps antistreptococciques.
 
 
Les 137 cas de cette étude présentaient tous ces 5 critères, et l’on obtient après  traitement par  Macrolides ou  Cyclines  (cf  tableau paragraphe C) :
 
- 110 très bons  résultats : disparition d’au moins  90% des symptômes.
 (selon le groupe sérologique : de 75 à 87 % de succès thérapeutiques, sauf dans le groupe  IgG CP : 58 %)
- 18 résultats mitigés : amélioration des signes cliniques mais  jugée insuffisante.
- 9 échecs : quasiment  aucune amélioration après  2 mois de traitement.
 
 
                   V    AUTRES   SYMPTOMES
 
 
Les patients décrivent souvent d’autres symptômes, qui peuvent être en lien avec  une  infection chronique :
 
Soit des symptômes peu spécifiques: céphalées atypiques, migraines vraies,  otalgies, éruptions cutanées variées, eczéma, allergies, cystalgies, leucorrhées, saignements gingivaux, lombalgies, douleurs  atypiques, perte de  l’odorat, dyspnée d’effort, troubles des  phanères
 
Mais aussi des  symptômes particuliers du patient,  plus « personnels ».
L’essentiel est de les noter.
On sera souvent surpris de voir qu’ils disparaissent eux aussi avec le traitement antibiotique, parallèlement aux autres symptômes.
 
 
                   VI   DISCUSSION
 
 
      a :     Il s’agit d’un ensemble de symptômes :
 
-  Familiers pour les médecins, considérés souvent comme fonctionnels, et pour lesquels nous avons peu de traitements à part quelques traitements symptomatiques.
Il s’agit d’un bel exemple « d’évolutionisme » de la  part de  ces bactéries capables de persister dans l’organisme sous des formes chroniques, peu virulentes et difficilement diagnosticables
 
- Améliorés ou masqués par les psychotropes,
Remarque : Dans ma patientèle, 50 % des dépressifs chroniques que je suivais, présentaient  de tels symptômes et 80% d’entre eux ont guéri  sous traitement antibactérien…
 
- Quelquefois améliorés par les  techniques de gestion du stress,  relaxation, magnésium, vitamines, anti oxydants…
 
- Aggravés en cas d’excès de  stress psychique.
 
- Ces symptômes correspondent  à la  définition du Syndrome de Fatigue Chronique,  mais seul un  petit nombre de patients a réellement eu ce diagnostic posé.
 
 
       b :      Il faut bien éliminer :
 
      - Toute cause psychosomatique  directe (suite  à deuil, rupture, conflit relationnel, professionnel, familial..). Mais les deux causes (psychosomatique et infectieuse) peuvent co-exister (ou l’une ayant entraîné l’autre) et seront toutes deux  à traiter.
 
- Les autres causes somatiques classiques (vérifier bilans déjà faits)
 
Souvent, ces patients « traînent » depuis des années, ont vu de nombreux médecins et tous les bilans ont déjà  été faits. Pour eux, tester un nouveau traitement sur  quelques mois n’est pas un problème.
 
 
        c :      Il existe une liaison directe entre Infection Chronique et Stress Oxydant. Mais ces symptômes  sont-ils dus au SO ou à l’infection ?
 
- En faveur du Stress Oxydant :
 
-       Symptômes quasi identiques  quelque soit le germe
-       Symptômes améliorés avec le traitement antioxydant  et qui peut suffire si la pathologie est récente (patient jeune).
 
- En faveur de l’infection :
 
-       Symptômes présents même quand  l’hygiène de vie est bonne.
-       Souvent persistants si traitement antioxydant seul.
-       Ces symptômes disparaissent sous antibiotiques seuls dans 80% des cas.
 
 En fait, les 2 traitements sont  souvent complémentaires.
 
 
         d :      On remarque une association de symptômes variés qui signe  une atteinte générale de l’infection : dans chaque cas de l’étude, on retrouvait au moins 1 critère neuro-vasculaire, 1  critère musculaire, et  1  critère irritatif.
 
 
         e :     En pratique, quels patients doivent attirer l’attention ?:
 
- Patients qui se plaignent de crampes, de douleurs atypiques ou chroniques, de dysesthésies, de palpitations, de lipothymies,
 
- Patients avec gastralgie chronique, rhinite ou pharyngite chronique, colopathes
 
- Patients chez qui l’on constate une « impatience des jambes »  ou des ecchymoses.
 
- Patients dépressifs chroniques, insomniaques, hyper-anxieux, ou « fonctionnels »
 
- Et puis tous ces patients toujours  insatisfaits, les « renfrognés chroniques » …